EPIDEMIE DE MONKEY POX : LES DEPLACES DE GUERRE ET LES HUMANITAIRES REDOUTENT LA PROPAGATION DANS LES CAMPS

Situation épidémiologique de Mpox

Plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo et spécifiquement, les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu sont frappées depuis le mois de Juin 2024 par l’épidémie de Monkey Pox (Mpox). La situation épidémiologique peinte dans le Sitrep n° 74 du centre des opérations d’urgence de santé publique de l’institut national de la santé publique apparu en Octobre 2024 avait révélé qu’au :

  • Sud-Kivu, 10463 cas suspects de Mpox ont été répertoriés dont 5069 cas Confirmés et 32 décès
  • Nord-Kivu, 766 cas suspects ont été identifiés parmi lesquels 630 confirmés dont 2 décès.

Cette crise sanitaire est venue aggraver la vulnérabilité de la population de ces deux provinces au départ exacerbées par multiples crises liées d’une part aux affrontements armés entre les Forces loyalistes de la RDC et les rebelles du M23, et de l’autre part, par l’activisme des groupes armés locaux qu’étrangers. Suite à ces conflits, des milliers des personnes ont été obligées de fuir leurs cités et de se retrouver dans les camps des déplacés érigés dans le Nord et Sud-Kivu. La promiscuité et les conditions hygiéniques très critiques dans le camp, font du déplacé l’une des personnes la plus exposée aux multiples épidémies et plus particulièrement à celle de la variole de singe (Mpox).

Manifestation de Mpox

Selon les autorités sanitaires en RDC, le Monkey pox se manifeste par une forte fièvre d’apparition brutale et des éruptions cutanées avec des lésions remplies de liquide ou plus, qui finissent par se dessécher et former des croûtes. Ces lésions débutent au niveau des paumes des mains et des plantes de pied et peuvent se généraliser sur tout le corps.

Nsimire Mapendo Noëlla, Vice-secrétaire du site de Rusayo 2 avait fait savoir que des personnes présentant des signes pareils ont été identifiées dans le camp Rusayo. Dans ce camp situé dans la périphérie de la ville volcanique de Goma, 6 cas suspects concernant plus les enfants ont été notifiés au cours du mois d’Août à Septembre 2024. Ils ont été transférés directement aux prés des structures sanitaires spécialisées de Goma par les responsables du camp de Rusayo. Au-delà de Rusayo, des Camps de Mpox ont été aussi confirmés dans les camps des déplacés de Nyiragongo, Mudja, Bushagara II, Bujari, Kanyaruchinya et Munigi dans le Nord-Kivu et dans d’autres camps des déplacés situés dans le Sud-Kivu.

Mode de transmission  

Pour les professionnels de la santé, le Mpox reste une maladie dangereuse causée par le virus d’origine animale mais évitable. Elle se transmet principalement par contact direct :

  • De l’animal malade avec ou sans signes à la personne non malade ;
  • De la personne malade à la personne non malade ;
  • De la mère malade à l’enfant pendant la grossesse

Connaissance communautaire de Mpox

Quoi que la nouvelle de l’apparition des premiers cas Monkey Pox dans le Kivu soit tombée comme une bombe, comme l’avait lâché Monsieur Amani MUGESERA, président du Camp de Rusayo, le Mpox n’est pas du tout méconnu par le commun de mortel. Pour certains membres des communautés et les déplacés, dans le passé, ils ont eu déjà à connaitre des maladies presque similaires au Monkey Pox.

Pratiques sociales et prévention

Aux vues de la dangerosité de Mpox, plusieurs familles ont référé leurs cas auprès des structures sanitaires. D’autres par contre, ont recouru à l’usage des feuilles des plantes et à la prière.  Cette tendance pour certaines personnes à recourir à la prière se justifie par des croyances religieuses selon lesquelles, le Mpox, le Covid-19 comme d’autres épidémies, sont d’origine satanique. Pour éviter le pire, les relais communautaires placés dans différents blocs du camp, sensibilisent sur le lavage correct des mains, l’assainissement du camp, à bien cuire la viande avant toute consommation et à ne pas manipuler les corps des animaux retrouvés mort naturellement. Tirant le bouchon plus loin, les professionnels de santé appellent vivement tout le monde à référer un membre de la famille ou proche présentant les signes de Mpox auprès d’un centre de santé le plus proches pour des soins appropriés et briser la chaine de contamination.

Disons que si pour certains citoyens ordinaires, les mesures préventives sont faciles à appliquer, cette équation n’est pas aussi facile à opérer dans le camp des déplacés.  La promiscuité et la rareté d’eau surexposent les déplacés à cette maladie contagieuse et mortelle.

Contribution des ONG membres du HUB RDC

Face à cette crise sanitaire, les organisations membres du HUB RDC Start Network ne sont pas restées insensibles. Très touchées et préoccupées par cette crise, ces organisations ont vite développé les activités spécifiques au MPox :

  1. CAFOD 
  • Elle a réalisé des sensibilisations à travers les dépliants et émissions radios
  • Elle a rendu des visites de réconfort aux malades de Monkey Pox afin de leur redonner de l’espoir de vivre
  • Elle a en plus travaillé avec les leaders religieux pour renforcer leur engagement dans la mobilisation communautaire en fin d’éradiquer l’épidémie de Monkey Pox. Par ce même canal, des bonnes informations ont été données sur le Monkey pox en vue de briser toutes les fausses informations et rumeurs que véhiculent les réseaux sociaux sur ladite épidémie.
  1. AFPDE

Ayant son siège en province du Sud-Kivu, qualifiée d’épicentre de Mpox, AFPDE a aussi organisé des séances de sensibilisation et conscientisation des membres des communautés, les déplacés de guerre et refugiés situés dans les camps de transit d’Uvira sur le Monkey pox.

  1. TEARFUND

Opérationnelle dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, Tearfund a réaménagé ses activités dans le cadre de la riposte. Elle a :

  • Intégré l’aspect prévention dans ses activités d’hygiène et changement de comportement ;
  • Produit des dépliants, banderoles, posters, affiches avec des messages clés et adaptés à la prévention contre le Mpox,
  • Rendu disponible les équipements de protection individuelle, que ça soit pour les staffs et agents communautaires placés à la première ligne de front dans le camp des déplacés.
  1. PADECO

L’Organisation PADECO, opérationnelle dans le Sud-Kivu a à travers sa structure sanitaire pris en charge 4 cas complexes de Monkey Pox

Les défis

Malgré ces efforts qui ont été conjugués, les défis dans le cadre de la lutte contre le Mpox restent entiers.

Au niveau des déplacés eux-mêmes, on note une faible connaissance des mesures préventives de l’épidémie car les sensibilisations qui ont été menées n’ont pas atteint la majeure partie des déplacés. D’autres défis sont liés à la négligence des certains déplacés et membres des communautés.

Auprès des organisations membres du HUB RDC Start Network, on note comme obstacles :

  • L’incapacité de couvrir toutes les zones d’interventions par manque des fonds suffisants ;
  • La résistance des certaines personnes c’est qui traduit le non-respect des mesures de prévention ;

Aux vues de tous ces défis, il faudra :

  • Une bonne coordination d’actions entre acteurs engagés dans la lutte contre le Monkey Pox ;
  • Plus d’appui matériels et financiers
  • Intensifier la sensibilisation dans les blocs et dans la communauté
  • Rendre disponible le numéro vert.

Les organisations membres du HUB RDC lancent une alerte à son partenaire Start Network et autres bailleurs. Elles appellent à un appui technique et financier afin de renforcer leur capacité à apporter un appui nécessaire aux déplacés et lutter perspicacement contre la redoutable épidémie de Mpox.

Aimé Kikalage

Chargé de l’Engagement des membres et de la communication du HUB RDC

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